
Même si ce n'est pas pour demain, voir incompatible avec une relation client de qualité selon Michel-Edouard Leclerc, il y a fort a parier que l'automatisation des tâches d'encaissement, maintenant inéluctable, va faire évoluer le métier de caissière.
Sous cette appellation, cette fonction unique a déjà (presque ?) disparu depuis une dizaine d'années. Nous avons maintenant des hôtesses de caisse, qui doivent à minima pratiquer le "SBAM" (Sourire, Bonjour, Au revoir et Merci) pour mériter cette appellation. Dans la grande distribution, la relation client peut souvent se réduire à ce seul contact humain, il doit être qualitatif pour garantir une indispensable fidélisation des clients. S’il est un moment désagréable lorsque l'on fait ses achats, c'est bien le passage à la caisse. Autant se donner les moyens de le rendre le plus professionnel possible.
L'arrivée de technologies innovantes va encore réduire la partie encaissement du métier, soit le client scannera lui-même ses articles, soit un système d'antennes et d'étiquettes radio (RFID) détectera, de manière quasi instantanée, le contenu du panier/chariot. Le métier va évoluer, c'est un acquis, autant amorcer dès aujourd'hui la réflexion sur les impacts prévisibles sur les métiers et les collaborateurs de la ligne de caisse. C'est important pour l'employeur qui doit faire évoluer ses équipes quantitativement et qualitativement. Un petit effort d'imagination permet d'anticiper quelques changements majeurs. Il y aura un redéploiement des effectifs. Si 1 seule

personne peut piloter plusieurs points d'encaissement, l'effectif forcément sera plus réduit à terme. Comment réinvestir cette ressource supplémentaire ? En fonction de leurs stratégies, les dirigeants auront le choix entre baisser leurs prix, augmenter leur résultat opérationnel ou renforcer la qualité de leur accueil. Il y a fort à parier qu'ils réaliseront un mix de ces options.
Ensuite les collaborateurs, individuellement doivent pouvoir accompagner ces changements. Les tâches que la technologie se propose d'assumer ne sont pas la partie noble de leur métier, loin de là. Personne ne sera fâché de ne plus passer mécaniquement des codes-barres devant un lecteur, s’il ne se sent pas menacé dans son utilité intrasèque. Il sera plus valorisant de venir en aide aux clients qui en exprimeront le besoin ou de remettre sur les rails le processus quand il rencontrera des cas de figure mal prévus. Les compétences a mettre en oeuvre au quotidien, seront différentes; il faut piloter cette
évolution en douceur. Connaitre celles et ceux qui souhaitent s'investir dans ce changement et leur donner les moyens de réussir. Identifier les autres, et analyser, avec eux, les options disponibles : mobilité interne ou externe. L'externe ne doit pas être un tabou.
Quand les objectifs, collectifs et individuels, sont connus et compris, tous les dispositifs de formation (DIF, contrats de professionnalisation, bilan de compétences,...) prennent tout leur sens et cumulent leurs efficacités. C'est aussi le meilleur moyen d'inciter son OPCA à hausser le curseur de sa générosité au maximum.
Ces processus sont longs, même si l'évolution sera lente, dès à présent, chaque manager en charge d'une ligne de caisses doit envisager l'évolution de son équipe à travers ce prisme. Il ne doit pas leur faire croire que ça n'arrivera pas, c'est contraire au sens de l'histoire; l'industrie et les stations-services ont déjà traversé ces évolutions. Il doit accompagner le changement avec exigence et bienveillance. C'est sa responsabilité de patron. Un accompagnement humain adapté permet aussi de ne pas inquiéter les clients, eux-aussi salariés donc attentifs à ces problématiques.
La flex-sécurité (que le Figaro nomme, bien maladroitement je trouve, la Sécurité sociale professionnelle) sera autant une sécurité pour l'enseigne que pour les collaborateurs qui la font fonctionner au quotidien.
C'est dans ce type d'approche, globale et anticipée, que la GPEC prend tout son sens et structure l'ensemble du dispositif pour en garantir son indispensable efficacité.